dimanche 30 janvier 2011

II. Les Versets Coraniques et L'Esclavage


Recension des versets coraniques liés aux esclaves dans un ordre chronologique :
 


Dans le passé et jusqu'à l'époque contemporaine, la mise en esclavage des ennemis de guerre était une pratique universelle. Ci-dessus une représentation artistique de l'enlèvement des Sabines pour assurer la continuité de la lignée des guerriers. Le Coran contient des artefacts de cette pratique ancestrale tout en élaborant une véritable révolution sur le statut des esclaves.



Les versets :

35/90:12-13 - Et qui te dira ce qu’est la voie difficile[1] ? C’est délier un joug [affranchir un esclave].


70/16:71 - Allah a favorisé les uns d’entre vous par rapport aux autres dans [la répartition] de Ses dons. Ceux qui ont été favorisés ne sont nullement disposés à donner leur portion à ceux qu’ils possèdent [esclaves] au point qu’ils y deviennent associés à part égale[1]. Nieront-ils les bienfaits d’Allah ?


74/23:6 - ... et qui préservent leurs sexes [de tout rapport], si ce n'est qu'avec leurs compagnes ou les esclaves qu'ils possèdent[2], car là vraiment, on ne peut les blâmer.


79/70:30 - et n’ont de rapports qu’avec leurs compagnes ou les esclaves qu’ils possèdent[2] car dans ce cas, ils ne sont pas blâmables.


87/2:177 - La bonté pieuse ne consiste pas à tourner vos visages vers le Levant ou le Couchant. Mais la bonté pieuse[3] est de croire en Allah, au Jour dernier, aux Anges, au Livre et aux prophètes, de donner de son bien, quelqu’amour qu’on en ait, aux proches, aux orphelins, aux nécessiteux, aux voyageurs indigents et à ceux qui demandent l’aide et pour délier les jougs, d’accomplir la Salât et d’acquitter la Zakât. Et ceux qui remplissent leurs engagements lorsqu’ils se sont engagés, ceux qui sont endurants dans la misère, la maladie et quand les combats font rage, les voilà les véridiques et les voilà les vrais pieux!
87/2:178 - O les croyants ! On vous a prescrit le talion au sujet des tués : homme libre pour homme libre, esclave pour esclave, femme pour femme[4]. Mais celui à qui son frère aura pardonné en quelque façon doit faire face à une requête convenable et doit payer des dommages de bonne grâce. Ceci est un allègement de la part de votre Seigneur, et une miséricorde. Donc, quiconque après cela transgresse, aura un châtiment douloureux.

87/2:221 - Et n’épousez[2] pas les femmes associatrices tant qu’elles n’auront pas la foi, et certes, une esclave croyante vaut mieux qu’une associatrice même si elle vous enchante. Et ne donnez pas d’épouses aux associateurs tant qu’ils n’auront pas la foi, et certes, un esclave croyant vaut mieux qu’un associateur même s’il vous enchante. Car ceux-là [les associateurs] invitent au Feu; tandis qu’Allah invite, de par Sa Grâce, au Paradis et au pardon Et Il expose aux gens Ses enseignements afin qu’ils se souviennent!

90/33:50 - Ô Prophète ! Nous t’avons rendu licites tes compagnes à qui tu as donné leur mahr (dot), ce que tu as [2] parmi les captives [ou esclaves] qu’Allah t’a destinées, les filles de ton oncle paternel, les filles de tes tantes paternelles, les filles de ton oncle maternel, et les filles de tes tantes maternelles, - celles qui avaient émigré en ta compagnie -, ainsi que toute femme croyante si elle fait don de sa personne au Prophète, pourvu que le Prophète consente à se marier avec elle: c’est là un privilège pour toi, à l’exclusion des autres croyants. Nous savons certes, ce que Nous leur avons imposé au sujet de leurs épouses et des esclaves qu’ils possèdent, afin qu’il n’y eût donc point de blâme contre toi. Allah est Pardonneur et Miséricordieux.
90/33:52 - Il ne t’est plus permis désormais d'épouser[2] [d’autres] femmes, ni de changer d’épouses, même si leur beauté te plaît; - à l’exception d'entre tes esclaves que tu possèdes. Et Allah observe toute chose.
90/33:55 - Nul grief sur elles au sujet de leurs pères, leurs fils, leurs frères, les fils de leurs frères, les fils de leurs sœurs, leurs femmes [de suite] et les esclaves qu’elles possèdent[6]. Et craignez Allah. Car Allah est témoin de toute chose.


92/4:3 - Et si vous craignez de n’être pas justes envers les orphelins, ... Il est permis d’épouser[2] deux, trois ou quatre, parmi les femmes qui vous plaisent, mais, si vous craignez de n’être pas justes avec celles-ci, alors une seule, ou des esclaves que vous possédez. Cela, afin de ne pas faire d’injustice (ou afin de ne pas aggraver votre charge de famille).


92/4:24 - [Et n'épousez[2] pas les femmes ... Vous sont interdites vos mères ...] et parmi les femmes, les dames (qui ont un mari), sauf si elles sont vos esclaves en toute propriété. Prescription d'Allah sur vous ! A part cela, il vous est permis de les rechercher, en vous servant de vos biens et en concluant mariage[2], non en débauchés. Puis, de même que vous jouissez d'elles, donnez-leur leur mahr, comme une chose due. Il n'y a aucun péché contre vous à ce que vous concluez un accord quelconque entre vous après la fixation du mahr. Car Allah est, certes, Omniscient et Sage.
92/4:36 - Adorez Allah et ne Lui donnez aucun associé. Agissez avec bonté envers[5] (vos) père et mère, les proches, les orphelins, les pauvres, le proche voisin, le voisin lointain, le collègue et le voyageur, et les esclaves en votre possession, car Allah n'aime pas, en vérité, le présomptueux, l'arrogant.


92/4:92 - Il n’appartient pas à un croyant de tuer un autre croyant, si ce n’est par erreur. Quiconque tue par erreur un croyant, qu’il affranchisse alors un esclave croyant et remette à sa famille le prix du sang, à moins que celle-ci n’y renonce par charité. Mais si [le tué] appartenait à un peuple ennemi à vous et qu’il soit croyant, qu’on affranchisse alors un esclave croyant. S’il appartenait à un peuple auquel vous êtes liés par un pacte, qu’on verse alors à sa famille le prix du sang et qu’on affranchisse un esclave croyant[3]. Celui qui n’en trouve pas les moyens, qu’il jeûne deux mois d’affilée pour être pardonné par Allah. Allah est Omniscient et Sage.


102/24:32 - Mariez[2] les célibataires d’entre vous et les gens de bien parmi vos esclaves, hommes et femmes. S’ils sont besogneux, Allah les rendra riches par Sa grâce. Car (la grâce d’) Allah est immense et Il est Omniscient.
102/24:33 -  Et que ceux qui n’ont pas de quoi se marier, cherchent à rester chastes jusqu’à ce qu’Allah les enrichisse par Sa grâce. Ceux de vos esclaves qui cherchent un contrat d’affranchissement, concluez ce contrat avec eux si vous reconnaissez du bien en eux; et donnez-leur des biens d’Allah qu’Il vous a accordés[3]. Et dans votre recherche des profits passagers de la vie présente, ne contraignez pas vos femmes esclaves à la prostitution, si elles veulent rester chastes. Si on les y contraint, Allah leur accorde après qu’elles aient été contraintes, Son pardon et Sa miséricorde.
102/24:58 - Ô vous qui avez-cru ! Que les esclaves que vous possédez vous demandent permission avant d’entrer[6], ainsi que ceux des vôtres qui n’ont pas encore atteint la puberté, à trois moments : avant la Salât de l’aube, à midi quand vous enlevez vos vêtements, ainsi qu’après la Salât de la nuit; trois occasions de vous dévêtir. En dehors de ces moments, nul reproche ni à vous ni à eux d’aller et venir, les uns chez les autres. C’est ainsi qu’Allah vous expose clairement Ses versets, et Allah est Omniscient et Sage.


105/58:3 - Ceux qui comparent leurs femmes au dos de leurs mères puis reviennent sur ce qu’ils ont dit, doivent affranchir un esclave[3] avant d’avoir aucun contact [conjugal] avec leur femme. C’est ce dont on vous exhorte. Et Allah est Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites.


112/5:89 - Allah ne vous sanctionne pas pour la frivolité dans vos serments, mais Il vous sanctionne pour les serments que vous avez l’intention d’exécuter. L’expiation en sera de nourrir dix pauvres, de ce dont vous nourrissez normalement vos familles, ou de les habiller, ou de libérer un esclave[3]. Quiconque n’en trouve pas les moyens devra jeûner trois jours. Voilà l’expiation pour vos serments, lorsque vous avez juré. Et tenez à vos serments. Ainsi Allah vous explique Ses versets, afin que vous soyez reconnaissants !


113/9:60 - Les zakat ne sont destinés que pour[3] les pauvres, les indigents, ceux qui y travaillent, ceux dont les cœurs sont à gagner (à l’Islam), l’affranchissement des jougs, ceux qui sont lourdement endettés, dans le sentier d’Allah, et pour le voyageur (en détresse). C’est un décret d’Allah! Et Allah est Omniscient et Sage.


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[1] Ces deux passages (35/90:12-13) & (70/16:71) mentionnent spécialement la difficulté à partager ses biens avec ses esclaves au point de les élever au statut de liberté, qui est décrit comme une voie difficile pour l'égo. Ce sont les premiers versets évoquant l'affranchissement des esclaves. Le dernier verset instituera un affranchissement systématique de l'état par la zakāt (113/9:60).

[2] On compte ainsi 8 occurrences au sujet des captives. Or, nous notons que le Coran mentionne bien le mariage pour permettre néanmoins de cohabiter sexuellement avec celles-ci dans six de ces huit passages : (87/2:221), (90/33:50), (90/33:52), (92/4:3), (92/4:24) & (102/24:32). En effet, contrairement aux croyances à ce propos, les maîtres n'entretenaient pas systématiquement des relations sexuelles avec leurs captives. Cela était permis de les épouser, sans dot, à la condition qu'elles n'aient pas été mariées à une autre personne avec l'autorisation de leur maître : (102/24:32). Par ailleurs, il est remarquable que le Coran permette des mariages esclave-maître dans les deux sens, et qualifie les esclaves croyants comme supérieurs en noblesse aux personnes libres parmi les associateurs : (87/2:221). Enfin, l'interdiction de forcer les captives à la prostitution est assez étonnant, puisque l'esclavage sexuel est encore de nos jours un problème socio-culturel et économique évident.

[3] Comme nous le constatons, le Coran contient 9 occurrences parmi 20 qui mentionnent l'affranchissement de l'esclave (près de la moitié des occurrences), dont 7 qui le commandent clairement : (35/90:12-13), (70/16:71), (87/2:177), (92/4:92), (102/24:33), (105/58:3), (112/5:89) & (113/9:60). La zakat est destinée pour cette fin (87/2:177) & (113/9:60) instituant un devoir central de l'état à l'affranchissement systématique des esclaves, ainsi que la faveur pour les esclaves mukatabah qui doivent être autorisés par leurs maîtres si ils se comportent bien à travailler pour s'affranchir (102/24:33).

[4] Ce verset unique (87/2:178) mentionne le droit de talion de l'esclave. Quoi que ce passage soit tenu pour certains comme une discrimination envers l'esclave qui ne pourrait demander réparation que si il est blessé ou tué par un autre esclave, cette lecture est une flagrante erreur. En effet, la notion de talion concerne uniquement la personne blessée et celle qui la blesse, à la différence de la vendetta qui consiste à venger un sang par un sang ou un sang plus grand dans le camp tenu pour ennemi. Or, si ce verset est pris autrement, un esclave qui a tué un homme libre ne devrait subir aucun sévisse ? On comprend bien que le crime sera réparé indifféremment du sexe, du rang social ou de la noblesse des individus. Ce qui est très clairement une valorisation des esclaves comme individus intègres ayant droit à être protégés. Nous avons vu que les esclaves se mariaient avec leurs maîtres, des esclaves ou d'autres personnes libres homme ou femme.

[5] Enfin, ce verset (92/4:36) est un verset charnière au sujet des esclaves qui aiguillonne la notion d'esclavage dans le Coran. En effet, le commandement d'agir en bonté envers les esclaves exclut catégoriquement la maltraitance et particulièrement l'idée qu'il serait toléré en islam et de par le Coran de violer les captives. Le préjugé que cela peut paraître ainsi sans l'être dans la mentalité de l'époque ne consiste nullement en un argument pertinent. Au contraire, les Arabes avaient trop d'orgueil envers les femmes que pour les forcer à s'unir à eux. Cela était probablement même si humiliant qu'ils auraient sans doute préféré les répudier sur le champ.

[6] Ces deux versets enfin (90/33:55) & (102/24:58), concernent les entrée et sortie des esclaves dans les maisons afin d'éviter de surprendre les maîtres en train d'avoir des rapports charnels. Une règlementation banale.


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